EDUCATEUR ET FORMATEUR VIRTUELS

EDUCATEUR ET FORMATEUR VIRTUELS

L'évaluation en éducation

L'évaluation en éducation

 

"Démarche ou processus conduisant au jugement et à la prise de décision . Jugement qualificatif ou quantitatif sur la valeur d'une personne, d'un objet, d'un processus, d'une situation ou d'une organisation, en comparant les caractéristiques observables à des normes établies, à partir de critères explicites, en vue de fournir des données utiles à la prise de décision dans la poursuite d'un but ou d'un objectif." ( Renald LEGENDRE – Dictionnaire de l'éducation, 1993-Guerin/ESKA )

   
 

L'évaluation est une pratique faisant partie intégrante de la condition humaine; elle intervient dans tout acte social soit-il, économique ou éducatif. Nul ne peut ainsi s'empêcher d'évaluer.

En effet, on peut évaluer ses propres actions pour, par exemple, se rapprocher d'un objectif, d'une norme; pour donner du sens à une action ou la rattacher à des valeurs et à des finalités. Comme il est possible d'évaluer les autres afin d'influencer leur décision, leurs actes; de leur faciliter l'accès à un niveau supérieur…

De manière générale, évaluer signifie recueillir des informations puis les analyser pour une prise de décision.

C'est aussi situer un élève par rapport à une institution ( programmes scolaires, compétences attendues en fin de cycle…).

On peut dire aussi qu'évaluer c'est porter un jugement de valeur dans une logique binaire ( bon / mauvais, juste / faux ) ou par positionnement sur une échelle chiffrée ( note de 0 à 10 ou 20 ).

Evaluer, c'est aussi vérifier qu'un enseignement a été efficace, en d'autres termes, c'est contrôler qu'un apprentissage visé a été réellement effectif, qu'un savoir, un savoir- être ou un savoir- faire a été acquis.

On peut affirmer alors que dans le monde de l'éducation, l'évaluation des apprentissages occupe une place importante que personne ne peut contester. C'est, d'ailleurs, un thème qui a suscité de nombreux débats et de nombreuses recherches mettant l'accent sur les nouvelles tendances et l'évolution de ses pratiques.

Elle est un processus complexe comportant donc une phase d'observation et d'analyse. Autrefois, son rôle se limitait à une attribution ponctuelle de notes chiffrées pour sanctionner les travaux des élèves. Notes dans lesquelles transparaissait inéluctablement la subjectivité des évaluateurs.

Mais de nos jours, elle est intégrée au processus d'enseignement / apprentissage et joue un rôle de régulation (ajustement de l'apprentissage et des actions pédagogiques de l'enseignement).

D'ailleurs, on assiste, de façon générale, au cours de ces dernières années à de nombreux changements. Changements qui s'opèrent au niveau de la structure des programmes (méthode d'élaboration de programmes par compétences), de la conception de l'apprentissage (du béhaviorisme au cognitisme), des objets d'évaluation (des connaissances aux compétences), du rôle des évaluateurs (d'un travail individuel à un travail d'équipe), des formes d'évaluation (du normatif au critérié), des outils de mesure (des tests de connaissances aux situations/problèmes) et de la manière de transmettre les résultats d'apprentissage (de la note chiffrée aux résultats descriptifs).

On peut dire que différentes recherches et courants pédagogiques sont à l'origine de ces changements. A titre d'exemples, on peut citer l'organisation des connaissances antérieures des élèves, le transfert des apprentissages et la métacognition, la motivation et le contexte social de l'apprentissage ainsi que la psychologie cognitive. Théorie qui peut être d'un grand apport à l'évaluation puisqu'elle présente des modèles du fonctionnement du cognitif permettant d'expliquer le développement de la pensée et l'acquisition des connaissances. Modèles qu'il faudrait prendre en charge dans la formation initiale des enseignants.

Par ailleurs, les champs de l'évaluation sont vastes et diversifiés. Ainsi, on peut évaluer les systèmes éducatifs, les établissements, les programmes, les manuels scolaires, les élèves… Même dans l'évaluation des apprentissages, ses facettes sont variées. En effet, on parle d'évaluation diagnostique, d'évaluation formative, d'évaluation sommative… D'ailleurs, elles constituent toutes des instruments indispensables pour les enseignants puisqu'elles leur permettent de situer leurs élèves et de vérifier leur niveau d'acquisition. De plus, ils peuvent "dépister" ceux en difficultés. En d'autres termes, elles permettent de cerner toutes les dimensions qu'ils désirent évaluer, autant le savoir que le savoir-faire et le savoir être. Pour ce faire, la planification d'un programme d'évaluation pour toute l'année scolaire est indispensable.

Les différents types d'évaluation

Au cours de la planification de ce programme, l'enseignant doit intégrer dans sa pratique de classe les diverses formes de l'évaluation par des activités évaluatives devant offrir aux apprenants des occasions pour améliorer leur niveau de réflexion tout en leur permettant d'apprendre à savoir, l'observation, les tests écrits, les QCM, les travaux écrits individuels et collectifs, les exposés, les devoirs à la maison, le travail et l'effort quotidien, les examens…

Avant tout apprentissage et surtout au début d'une année scolaire, par exemple, il est appelé à pratiquer une évaluation diagnostique ou pronostique pour qu'il puisse analyser les situations, les besoins, les profils ainsi que les prérecquis de ses élèves. Cette forme d'évaluation a pour objectifs essentiels d'évaluer leurs habiletés, leurs intérêts, leurs capacités, leurs difficultés et leur niveau de réussite; de déterminer non seulement les causes sous-jacentes à des difficultés d'apprentissage mais aussi les modifications à apporter au programme d'un élève, d'un groupe d'élèves ou de toute la classe. Cette évaluation ne doit pas figurer dans la note des apprenants.

En outre, pour évaluer les apprentissages de façon continue, il recourt à l'évaluation formative que Charles HADJI définit comme une évaluation ambitieuse mettant l'accent sur la régulation en cours de formation.

D'après lui, "elle tente de fournir à l'apprenant des informations pertinentes pour qu'il régule ses apprentissages et elle renvoie à l'enseignant un feed back sur son action qui lui permet d'adapter son dispositif d'enseignement. L'évaluation formative met l'accent davantage sur les processus évalués à travers les critères de réalisation". ( in: Evaluation, les règles du jeu).

Cette évaluation est définie par les courants béhavioristes comme "théorie de l'apprentissage" visant sa régulation externe alors que les socioconstructivistes affirment qu'elle vise une régulation interne mettant ainsi l'élève au cœur de son apprentissage et au cœur de son évaluation.

L'évaluation formative telle qu'elle est conçue, aujourd'hui, recouvre des stratégies faisant interagir la régulation pédagogique gérée par l'enseignant et la régulation de l'apprentissage gérée par l'élève. D'où l 'autoévaluation qui, selon Charles HADJI , "interroge les représentations, les références implicites à l'œuvre, les démarches ; cherche à comprendre un fonctionnement ou un dysfonctionnement, pour en dégager le sens et orienter l'action."C'est donc une évaluation interne, elle conduit le sujet à interroger, à réguler, à transformer son action. Elle a été définie par NUNZIATI comme un dialogue de soi à soi du sujet. Pour Linda ALLAL , c'est une « réflexion métacognitique, qui enclenche des autorégulations : qu'est-ce que je sais, qu'est-ce que je sais faire ? Comment je m'y prends ? Qu'est-ce que je peux modifier ? » .

En outre, ce type d'évaluation permet à l'enseignant de ne pas s'éloigner des objectifs à atteindre et de se rendre compte des progrès réalisés. Elle a pour objectif d'améliorer le processus d'enseignement / apprentissage. Ses résultats doivent être analysés et utilisés pour donner une nouvelle orientation aux efforts fournis et par l'élève et par l'enseignant lui-même. Elle intervient au cours d'un apprentissage et permet de situer la progression d'un élève par rapport à un objectif donné.

Cependant, elle peut le confronter à un problème l'obligeant à prendre une décision. De ce fait, elle met en évidence la nécessité d'une intervention, d'une remédiation, d'une régulation car elle permet de détecter les erreurs, d'amener des correctifs et d'assurer ainsi une meilleure coordination de l'apprentissage. C'est une évaluation essentiellement pédagogique et enrichissante dans la mesure où elle est un moyen permettant à l'apprenant de progresser.

Elle est donc un outil de régulation des apprentissages et des enseignements et "une composante d'une pédagogie différenciées". ( Philippe Perrenoud ). Effectivement, afin que chaque élève vive des situations "didactiques fécondes", il est nécessaire que l'enseignant sache ce que son élève a compris, acquis, comment il apprend, progresse; sache aussi sur quoi il " bute ", ce qui le perturbe, l'ennuie. En d'autres termes, il faut qu'il soit assez informé pour "optimiser"les situations d'apprentissage proposées à chaque apprenant.

En effet, c'est une évaluation qui permet de surmonter ainsi certains obstacles qu'un enseignant peut rencontrer, en classe, en pratiquant la pédagogie différenciée. Effectuée de manière rigoureuse, elle contribue à la construction d'une représentation précise des acquis de l'apprenant, de ses capacités; de sa façon d'apprendre, de son rapport au savoir…C'est ainsi que l'enseignant saura ce qu'il doit faire pour l'aider à apprendre. Par ailleurs, elle permet d'identifier les urgences, les difficultés qu'il faut prendre en charge en priorité. D'où remédiation et régulation interactive, rétroactive et proactive.

Enfin, à la fin d'une étape, d'un trimestre ou au terme d'un processus d'apprentissage, intervient, alors, l'évaluation sommative ou certificative . Evaluation permettant à l'enseignant de dresser un bilan, de faire un inventaire des compétences acquises ou une synthèse des apprentissages. D'où la prise de décisions relatives à l'orientation des élèves et ce, en fonction de leurs acquis. Cette évaluation relève beaucoup plus du contrôle que de la régulation puisqu'elle intervient, en général, pour établir une note ou délivrer un diplôme. "Elle sert à l'aspect formel et administratif de l'acte d'évaluer" (Louise M.BELAIRE, profil d'évaluation).

En définitive, qu'elle soit diagnostique dont les actions ont pour objectif principal d'orienter l'apprentissage des élèves , formative dans une perspective de régulation et de relation d'aide ou sommative pour une reconnaissance sociale des acquis, pour une attestation ou une certification, l'évaluation devrait incontestablement être perçue "comme un acte essentiel et positif", être pratiquée dans le respect de l'autre et avec une équité absolue . Ce n'est guère une tâche simple car elle représente un exercice où l'enseignant prend des risques, où il ne peut jamais être sûr d'avoir "bien" évalué…D'ailleurs, on ne cesse de faire des recherches pour améliorer les pratiques évaluatives afin de mieux évaluer et assurer ainsi une meilleure réussite aux élèves. Réussite leur permettant d'être capables de s'adapter aux changements perpétuels du monde qui les entoure. Changements devant être pris en charge par les réformes des systèmes éducatifs, entre autres, notre système qui doit aller dans le sens d'une meilleure prise en compte de nos élèves, futurs citoyens de demain.

                                                                                   Revue Educateur 2005


25/08/2008
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